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Présentation

Le poème est là où les mots sont debout, écrivait Guillevic. La poésie, la vraie, incarne une forme de résistance. Son action profonde consiste à résister à la langue de bois, aux pensées déjà faites, aux automatismes et à l’uniformité plate, à tout ce qui s’oppose à la liberté : la poésie est une sève verticale qui affronte le silence de la mort. Rester debout c’est s’accrocher à la vie, comme on se lie à la lumière.

La poésie est résistante mais les poètes, eux, ne le sont pas toujours. Le poète résistant n’est pas un pléonasme. Le poète résistant est un être humain qui lutte pour la liberté, en choisissant comme arme, le vers ou la parole créatrice. Il ajoute sa vie à la vie des mots, il fait don de sa vie pour construire une forme de liberté qui semble tenir dans un volume de poèmes mais qui dépasse, par sa force, toute limite matérielle et touche les vies des autres, dans le partage d’un élan libérateur. Il construit un abri pour l’humanité là où l’horreur, la torture, la violence, le fanatisme, l’ignorance, les ambitions politiques et financières saccagent, démolissent, détruisent le tissu de l’humain.

Le poète résistant inscrit l’acte de résistance dans la durée, il transforme le verbe de l’action en adjectif épithète : sa poésie est Action, comme Rimbaud le voulait, et son être devient une forme intensifiée de verticalité, car il se tient debout contre tout, malgré tout. Il n’abandonne pas, il revient, il maintient le monde en état d’humanité : il est le maintenant d’une parole ancrée dans le ciel du dialogue avec les autres.

Son souffle est dans le souffle du poème : courage et conscience vive, sacrifice mué en combat qui affirme la dignité de l’être dans les circonstances extrêmes de la prison, de la guerre, de toute forme d’oppression mortifère qui s’empare du quotidien.

Et la nuit passera

Sans pouvoir nous réduire,

répond le poète.

Le poète résistant est un homme ou une femme qui fait face à l’injustice et au crime par un travail des mots, avec les mots, là où seuls les cris et les pleurs et la lâcheté d’un silence complice ont droit de cité. Il fait face, c’est-à-dire, il donne un visage, il montre son visage, en assumant ainsi son identité et son corps, sa liberté et ses faits, en signant de sa vie un poème qui affronte les cagoules et le mensonge.

Le Prix International du Poète Résistant ne fait que regarder ce poète dans les yeux et reconnaître en lui ou en elle, son frère ou sa sœur en humanité, en liberté et en lumière, pour lui dire son admiration et son soutien.

CRISTINA PIRVU