Hanadi Zarka est une poétesse syrienne née en 1974, agrégée d’agronomie de l’université Teshreen à Lattaquié en 1998. La plupart de ses recueils sont parus aux éditions Al-Nahda al Arabia au Liban dont: ‘ala gafla min yadek (À l’insu de tes mains), 2001.
E’adat al-fawda ila makaniha (Remettre le chaos à sa place). Ce recueil a remporté en 2004 Le Prix du poète Mohamed Al-Maghout pour les jeunes poètes. Zaed ‘an hajati (Bien plus que j’en aie besoin), 2008. Alzheimar, 2014, traduit en danois en 2019 aux éditions Poetic corridors. Al-hayat hadia fi al-vitrine (La vie est calme dans la vitrine) traduit en danois en 2020 aux éditions Harpie, 2016. Ra’ytu ghayma sahiba… same’tu mataran aswad (J’ai vu un nuage pâle… J’ai entendu une pluie noire), 2018.
Elle a participé à des soirées poétiques en Syrie et dans plusieurs pays comme La Suisse, les Pays-Bas, la France, le Danemark. Elle publie des articles sur la poésie dans des journaux et des périodiques : Majalet Al-Adab (La revue des lettres), le quotidien Al-Safir, le quotidien Al-Akbar (au Liban). Et au quotidien Al-kuds Al-Arabi (à Londres).
Voici deux sites web de quelques traductions de ses poèmes en français :
http://lorientlitteraire.com/article_details.php?cid=11&nid=4406
http://www.jehat.com/fr/Poets/Pages/Hanadi-Zarka.html
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Préface du poète libanais Abbas Baydoun
pp. 5/6 du recueil La vie est calme dans la vitrine.
Le nouveau recueil de Hanadi Zarka La vie est calme dans la vitrine, est écrit d’un seul souffle au point de le considérer comme un seul texte. Ce sont des textes courts mais ils sont liés, et nous passons d’une strophe à l’autre comme s’il s’agissait d’une longue strophe. Ainsi, nous comprenons pourquoi Hanadi n’a pas mis des titres à ses poèmes. À travers ce procédé, nous nous rendons compte que les strophes composent les notes d’une mélodie chuchotée dans la maison, la mélodie des voix de la rue, des temps, des soirées, de l’habituel et des tâches matinales. Ces voix, venant de partout, s’enchevêtrent avec les jours, poursuivent leurs heures, leurs répétitions, leurs fêtes éclairs et rapides, leur mouvement spiral, progressif, dispersé et habituel.
C’est la musique de chaque jour, les reproductions, les proliférations et les répartitions de ses heures. C’est la genèse de cette mélodie fréquente et basse qui exprime, sans monter son volume ni son chant, ce qui semble une guerre interminable, l’avènement d’une catastrophe prochaine, une destruction aveugle et une tristesse perçant le centre du mal et sa vérité foudroyante.
C’est l’épopée qui a pris une forme quotidienne, le mythe se métamorphosant en des détails dispersés. C’est la guerre devenant une vie, un temps, des habitudes, des comptes à rebours, des reprises de la vie. C’est la guerre devenant une vie à l’envers, qui n’aspire pas à l’avenir mais recule en arrière. Certaines strophes nous tombent dessus réveillant les souvenirs comme des surprises qui se passent à l’instant, comme si la vie se réécrit par le deuil, comme si la guerre a lieu dans le temps.
Il est rare de vivre la guerre avec un destin pareil à celui qu’on voit dans le recueil de Hanadi Zarka. C’est la guerre qui réécrit le temps et la mémoire, occupe également la réalité et le passé.