≡ Menu

Biographie

Mohamed Tadjadit, poète kabyle algérien , est né le 9 janvier 1994 à Bab-el-Oued (Alger).

Dès l’école primaire il intègre un groupe de scouts et un club de judo. En 2008, quand la maison familiale s’effondre durant la nuit, il fugue vers l’ouest du pays dans la région d’Oran où il monte sur une embarcation de fortune pour passer en Europe. Récupéré par la gendarmerie auprès de qui ses parents ont déposé plainte pour disparition, il  supporte difficilement la vie sous la tente que, faute de relogement, son père a dressée sur une place de la casbah.

Il poursuit ses études au collège jusqu’à la troisième année puis il opte pour une formation professionnelle où il décroche un diplôme de chef cuisinier. Parallèlement,  il s’exerce à la danse capoeira et à la break dance où il  excelle bien qu’il n’ait que la rue pour lieu d’entraînement. Lors d’un concours organisé par la ville d’Alger en 2012, il obtient le premier prix de poésie . En 2017,  il décide de partir en Turquie légalement. Il y séjourne un an en travaillant dans une usine de textile puis il part en Azerbaïdjan afin de rejoindre l’Europe. Il est stoppé dans son cheminement par l’armée ukrainienne qui l’enferme dans un bateau avec d’autres jeunes clandestins. Pendant trois mois le bateau erre en mer noire car aucun pays ne veut l’accueillir. Après l’appel de détresse lancé en espagnol par un jeune Marocain, le groupe est libéré par l’Espagne et ses membres sont renvoyés dans leur pays d’origine. C’est ainsi que Mohamed Tadjadit regagne l’Algérie en fin 2018.

Le 22 février 2019 ,  quand le Hirak [1]commence à Alger,  il rejoint les millions de marcheurs et découvre les agoras constituées  dans la capitale pour permettre aux artistes de s’exprimer. Il devient rapidement « le poète du Hirak. » Ce qui lui vaut sa première arrestation lors d’un rassemblement pour exiger la libération des détenus d’opinion devant le palais de justice de Sidi M’hamed le 11 novembre 2019. Après quoi il est condamné à 18 mois de prison ferme (la plus haute condamnation de l’époque) pour « atteinte à l’unité nationale ». Il est libéré en conditionnelle le 2 janvier 2020. Mais il est de nouveau enlevé et incarcéré le 23 août 2020 à la sortie de son quartier bien qu’il ait été plusieurs fois protégé par la vigilance de la population et son séjour en Kabylie.

Il fait trois grèves de la faim pour que soient rejetés les dix chefs d’inculpation injustes retenus contre lui et il est de nouveau mis en liberté provisoire le 22 janvier 2021. Mais le harcèlement se poursuit à sa sortie. Une arrestation arbitraire en fin de manifestation entraîne sa dernière incarcération à la prison d’El Harrach le 6 avril 2021.  Il ne bénéficie ni de la présomption d’innocence ni du secret de l’instruction et le Procureur de la République égrène devant les médias les multiples chefs d’accusation retenus à l’encontre de celui qu’il nomme « le pseudo-poète du Hirak »: constitution de groupes de malfaiteurs, proxénétisme,  détournement de mineurs, consommation de drogue etc..

[1] Le Hirak est un mouvement populaire qui, à partir du 22 février 2019 s’est manifesté par des défilés pacifiques  à Alger . Ses objectifs : opposition à la corruption, dissolution du FLN, mise en place d’une 2e République, libération de tous les détenus d’opinion. Après la démission de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika, le 2 avril 2019, les manifestants se sont retrouvés face à l’armée, détentrice du pouvoir réel. Laquelle a encouragé l’organisation rapide d’une présidentielle pour ravaler la façade civile du régime. Après une élection dans un climat de contestation massive, Abdelmadjid Tebboune, que des slogans désignaient comme le candidat de l’armée, est devenu, le 12 décembre 2019, le président le plus mal élu de l’histoire de l’Algérie.